Entretien avec Stefan Schlie :
Bonjour Stefan, peux-tu te présenter brièvement ?
Je m’appelle Stefan Schlie et je suis un passionné de VAE. Je viens initialement du trial et il y a quelques années, j’ai été contaminé par le virus du VAE avec le thème de l’« Uphill Flow ».
De quoi s’agit-il ?
On ne peut pas expliquer ce qu’est l’Uphill Flow sans expliquer ce qu’est le flux. C’est une notion centrale. Il faut imaginer que nous avons une zone de confort qui comporte certaines limites. Elle commence là où s’arrête la sous-exploitation et va jusque là où commence la sur-exploitation. C’est précisément là que se trouve le centre du flux. Il est naturellement possible d’élargir ce dernier, par exemple par un entraînement à la technique de pédalage. Dans l’Uphill Flow, on dispose avec le VAE d’une assistance à la force propre allant jusqu’à 300%. Autrement dit, la sur-exploitation de la force manquante se trouve supprimée et la fenêtre de flux est agrandie par la technique. Avec une technique de pédalage améliorée, de nouvelles dimensions s’ouvrent au VAE dans le domaine du flux.
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Tu viens initialement du trial. N’y a-t-il pas là une contradiction ou y a-t-il un lien entre le trial et le flux ?
Il n’y a aucune contradiction car en trial, on crée aussi un flux. Comme déjà évoqué, la fenêtre de flux est définie par la technique de pédalage. Si je réalise des parcours en trial que l’on ne peut même pas effectuer à pied mais que ma technique me permet de les franchir en sautant, le ressenti est le même pour moi qu’avec un flux.
Je comprends. Le défi est-il un thème important pour toi ?
Le défi est pour un thème important en ce que je souhaite apprendre de nouvelles choses. Mais je ne vais plus chercher mes limites en compétition. J’ai juste envie d’en apprendre chaque jour et dans ce domaine, le VAE offre de nombreuses possibilités, justement en raison de sa nouveauté.
À quelles possibilités fais-tu référence ?
En premier lieu, à la nouvelle technologie de montée. Il existe actuellement des chemins et des pistes sur lesquels la montée n’était pas possible auparavant, mais qui sont désormais accessibles grâce à la nouvelle technique de pédalage. Cela est hautement sportif et le VAE n’a rien à voir avec un « déambulateur », comme certains le qualifient. C’est un sport à part entière avec de nouvelles techniques, de nouvelles séquences de pédalage, d’autres exigences et, partant, de nouveaux défis sur VTT.
Tu as évoqué le thème de la technique de pédalage. Quelles sont les nouvelles techniques de pédalage dont on a besoin dans le domaine du VAE ?
Il faut d’abord énumérer les nouveautés offertes par le VAE. Celui-ci nous offre plus de puissance. Il faut en tirer parti et la mettre en œuvre sur le parcours. À cette fin, de nouvelles postures sur le VTT sont requises. Nous disposons des facteurs de force et d’élan et des facteurs de boost et on peut également les mettre en œuvre pour mieux arriver au flux. On éprouve ainsi de nouvelles sensations de pédalage. Le dernier facteur est le poids du VAE. Ce supplément de poids a des incidences positives et négatives. Que je souhaite faire un « saut de lapin » ou sauter haut, le poids est naturellement un obstacle. En descente en revanche, c’est un facteur positif. Le centre de gravité étant bas, j’ai tendance à me pencher au-dessus du guidon bien plus tard. J’ai une bonne accroche sur la piste et du fait de la plus grande pression d’appui, l’ensemble confère une sensation de sécurité supérieure, y compris lors du freinage et en conduite.
Quelle est pour toi la particularité du moteur Bosch Performance Line CX ?
Le moteur Bosch Performance Line CX possède un réglage de puissance dynamique qui génère une sensation totalement intuitive au niveau du pied, ce qui fait qu’on perçoit alors l’eVTT comme un vélo sans moteur. Le surplus de puissance me permet de travailler de manière fabuleuse et c’est vraiment ce que j’apprécie dans ce système.
Quel est ton sentiment à l’égard des personnes qui découvrent le VAE, comment réagissent-elles ?
Actuellement, les gens cherchent à s’informer sur la technique de pédalage. Il n’y a pas si longtemps, deux ans environ, il fallait faire attention à la personne avec laquelle on abordait le sujet. La méfiance était grande, il régnait une véritable phobie. Mais aujourd’hui, la situation a complètement changé. Je n’essaie plus non plus d’expliquer aux gens à quel point le VAE est génial. Il est beaucoup plus important de les inviter à rouler directement. Après le premier parcours, les plus fervents détracteurs reviennent avec un énorme sourire aux lèvres. Pour sauver la mise, ils font semblant de s’excuser : « C’est malheureusement génial ! Mais je n’ai pas besoin de ça. » Quand j’entends ce genre de commentaire, je réponds toujours : « Je n’en ai pas besoin non plus mais je trouve ça vraiment super. »
Quel est pour toi l’itinéraire idéal en VAE ? En as-tu une idée ?
Compte tenu de mon passé en trial, je suis à la recherche de vrais défis. Autrement dit, de pistes très escarpées afin d’y tester les courbes et de franchir des parcours au moyen de techniques de trial qui ne sont réalisables qu’avec le moteur. Mais j’essaie aussi de gravir la montagne en économisant mes forces pour ensuite m’éclater sur ma piste préférée. Comme j’arrive en haut frais et dispos, je peux faire trois fois le parcours, contre une fois auparavant. Le tout dans la même durée.
Tu formes aussi des hôteliers dans les Alpes et tu interviens dans des perfectionnements pour des associations de formation. Quelles sont les évolutions dans ce domaine et quel est en général l’intérêt pour le sujet ?
L’intérêt va croissant ; tout le monde remarque que le gâteau a changé de couleur et souhaite en avoir un morceau. Avant, les guides devait savoir trois choses : connaître le chemin, être de bonne humeur et maîtriser la technique de pédalage. Aujourd’hui, il faut les sensibiliser. « Les clients ont des VAE. Dites à vos clients d’emporter la clé et dites-leur comment ils doivent rouler afin de bénéficier d’une autonomie optimale. » Dans la planification des sorties, il faut tenir compte du moteur. Car si je réalise maintenant un itinéraire normal, je serais rentré dès midi. Ce n’est pas ce que souhaite le client. Je dois donc modifier le planning et concevoir des itinéraires sur mesure. Sur le plan de la technique de pédalage, les guides doivent bien entendu aussi être à la pointe. Non pas que le client en sache plus parce qu’il lit avec raison le magazine. J’essaie toujours de fournir tout cela sous la forme d’une solution globale.
Quelle est la valeur ajoutée dont profite un usager en vacances avec un VAE, justement dans les Alpes ?
La valeur ajoutée de l’usager réside dans le fait qu’il bénéficie de l’« Uphill Flow ». Et, donc, d’une raison supplémentaire de sourire. Il a en outre la possibilité de rouler dans une région dans laquelle il ne s’était peut-être pas rendu depuis longtemps car il n’avait pas envie d’en gravir les pentes escarpées. Le VAE lui permet de le faire dès à présent, avec ses amis qui plus est, amis qui sans VAE, ne seraient peut-être pas capables de l’accompagner.
Quelle est ton expérience à l’égard des autres usagers de la nature ? As-tu rencontré des problèmes ou des critiques ?
On ne peut pas dire que nous avons des amis partout. Au départ, bien sûr, c’était pire. Cependant, les opposants les plus féroces n’étaient pas les randonneurs, comme on aurait pu le penser, mais les vététistes traditionnels, qui considéraient qu’on leur enlevait la forêt. Le même sentiment qu’éprouvait autrefois les randonneurs à l’égard des vététistes. Mais même cela a changé maintenant, et les relations s’améliorent. Aussi parce que tous les groupes de lobbies font en sorte que notre voix de vététistes soit entendue. Ma seule crainte, c’est que certaines personnes enfreignent les règles. La tentation du tuning est déjà forte. Nous devons lutter ensemble contre cette évolution. Cependant, dans l’ensemble, le respect entre tous les utilisateurs a augmenté. Quand on est soi-même aimable et souriant avec les gens, il est rare de ne pas recevoir un sourire en retour.
À propos du thème de la responsabilité que tu viens d’évoquer, quels sont les projets communs avec Bosch dont vous pouvez revendiquer la responsabilité ?
Nous avons évoqué ce thème pour la première fois après l’Uphill Flow I. Nous avons alors pensé à la colère que suscitaient les evététistes. Puis, nous avons abordé la question de la technique de pédalage et du code de conduite. Enfin, nous allons même aller encore plus loin avec un projet phare : la construction d’un Uphill Flow Trail dans le
parc VTT au Geißkopf, qui constituera une offre facilement accessible pour tous les evététistes. Certaines sections seront différenciées afin que tous aient la possibilité de se défouler, y compris les evététistes chevronnés. Si le concept fait école et qu’il est mis en œuvre dans les régions touristiques, cela mettra un terme aux problèmes liés aux evététistes venant en sens inverse et à la pression des usagers. Cela donnera un coup de projecteur sur la thématique. Et élargira encore le sourire des vététistes.